Tentatives pour réaliser un clavier

Première tentative pour réaliser un clavier.

Ayant observé avec attention les vielles de M. Jean-Luc Bleton, je voulais réaliser un clavier qui s'inspire de sa solution des sautereaux tournants.
Remarque : un site qui présente les choix esthétiques de M. Bleton est accessible ici : http://pagesperso-orange.fr/xaime/vielle/construc/bletona.htm

Description des contraintes

Longueur de corde vibrante de 350 mm.
Deux chanterelles.
Tiges des touches en corde à piano de façon à limiter les frottements.
Clavier facilement démontable.

Le clavier vu de dessus

dessus du clavier 1
Les tiges des touches sont en corde à piano (1,5mm).
Les sautereaux sont découpés dans une plaque de nylon d'un centimètre d'épaisseur (matériau de récupération).

Les touches

touches du clavier 1
Les côtés de clavier ainsi que les touches sont réalisés en bois léger tel qu'on peut en acheter dans les magasins de bricolage. Ce bois est fragile et peu adapté à un usage prolongé.
Pour chaque touche, il faut une seconde tige qui l'empêche de tourner, ce qui ajoute des contraintes de perçage (il faut que le positionnement soit très précis).
Seule la rangée "du bas" du clavier a été réalisée.

Les sautereaux

clavier 1 sautereaux

Ils sont réalisés en nylon, à partir d'une plaque récupérée aux encombrants.
Ce matériau avait été choisi parce qu'il glissait mal sur la tige, et qu'on pouvait espérer que le sautereau une fois positionné resterait à sa place.
L'autre intérêt (supposé) du nylon était qu'il transmettrait moins les vibrations qu'un sautereau en bois.
C'est peut-être vrai, mais le nylon est très pénible à découper et à mettre en forme.

Critiques

Positives

Au prix d'un travail important, ce clavier a été réalisé.

Négatives

Le clavier n'a pas été testé sur un instrument.
Les bois utilisés sont trop fragiles.
Le nylon est très pénible à travailler.
Les cordes à piano sont de section trop importante.
La logique proposée par M. Bleton pour ses touches avec sautereaux tournants suppose un percement très précis des flancs de clavier.



Seconde tentative de réalisation, 

Ce clavier, conçu comme un élément amovible a été testé effectivement sur une vielle expérimentale.

Description des contraintes

Longueur de corde vibrante de 390 mm (note Fa atteinte à la place du Sol habituel).
Trois chanterelles.
Tiges des touches de forte section de façon à limiter les vibrations parasites.
Clavier facilement démontable.

Le clavier vu de dessus.

dessus du clavier

Les touches de la rangée du bas ont 12 millimètres d'épaisseur.
Elles sont faites d'un bois léger qui est poncé au papier de verre.
Les touches de la rangée du haut ne sont pas toutes réalisées. Elles sont hautes de 16 millimètres.
Les côtés du clavier sont en hêtre de  13 millimètres de largeur.

Le clavier vu de dessous

dessous du clavier

Le dessous du clavier a été réalisé avec du contreplaqué mince  (5 millimètres).
A l'usage, c'est une très mauvaise idée : le clavier se comporte comme une petite caisse de résonnance.
Afin de limiter l'effet d'amplification des bruits parasites, le fond a été percé de trous ronds.
Des écrous sont positionnés et collés de façon à permettre le serrage de l'assemblage du clavier.

L'extrémité du clavier vers les mécaniques (couvercle enlevé)

vers cheviller
On voit nettement les vis d'assemblage.

Les sautereaux sont en hêtre ou en poirier. Ils sont larges et peuvent tourner autour de leur axe (morceau de corde à piano de 1.5 millimètres). L'axe est collé à l'araldite dans le corps de la touche.

A l'usage, ce système s'est révélé efficace.

La tige des touches du dessus est faite avec de l'ébène acheté en éléments de 5 millimètres d'épaisseur.
La touche la plus à droite de l'image est très large (25 millimètres).
L'intention était de filtrer les bruits parasites par la masse de la touche.
A l'usage, c'est une très mauvaise idée : la surface de frottement avec les flancs du clavier
est très grande et la touche revient mal : le clavier ne répète pas bien.

L'extrémité du clavier vers la roue (couvercle enlevé)

clavier roue

On voit nettement les vis d'assemblage... et la raison d'être des flancs épais (possibilité d'insérer les vis de serrage).
Les touches les plus proches de la roue sont beaucoup moins larges du fait du manque de place.
Les petites cales de papier visibles sur la photo permettent de réduire les frottements
(en augmentant la hauteur de la "fenêtre libre" pour la touche). Ce réglage est lent et fastidieux.

Critiques

Positives :

- avec des moyens réduits, il a été possible de réaliser un clavier qui permet de jouer de la musique.
- les bois de section importante peuvent être travaillés mêm si l'on n'est pas très adroit.
- le fait de pouvoir démonter le clavier permet  de corriger  les défauts, au prix de nombreuses manipulations, il est vrai.

Négatives :

- mise au point fastidieuse.
- les bois de section large limitent le glissement des touches qui frisent trop souvent.
- temps de mise au oint très long ( les axes de sautereaux collés obligent à démonter le clavier si on veut modifier une touche, alors que dans la solution classique il suffit de déboiter les sautereaux pour enlever une touche).

A l'usage, c'est une mauvaise idée.

- le fond de clavier, en bois trop résonnant est une mauvaise idée.
Il vaudrait mieux utiliser des entretoises rigides qui laisseraient passer le son (solution utilisée par exemple par D. Engles pour la réalisation de ses claviers).
Malgré tous ses défauts (ou à cause de), cette réalisation m'a beaucoup appris.

Troisième tentative

Description des contraintes

Longueur de corde vibrante de 450 mm (note Ré atteinte à la place du Sol habituel).
Trois chanterelles.
Clavier pouvant être enlevé et remis facilement sur une vielle réalisée à cet effet.

clavier détaché 1

Afin de filtrer au maximum les bruits de claquements, le clavier est fixé à la caisse par :
1 - deux béquilles (une de chaque côté) qui s'écartent au maximum de la surface résonnante de la table d'harmonie.
2 - deux cales (une de chaque côté) maintenant le clavier à l'extrémité de la caisse de résonnance.

Logique de réalisation des touches

clavier détaché 2

On a voulu reprendre ici l'idée de base du premier clavier : les sautereaux tournent autour de l'axe de la touche.
En fait l'axe de touche est réalisé à partir d'un corps cylindrique (en 2 c'est du tube de PVC de 8 mm, en 4, c'est du tourillon de hêtre de 8 mm). Il est bloqué dans un morceau de carré d'aluminium de 10 mm dans lequel il peut tourner si l'on force un peu. Le tube carré (marqué 1 sur l'image) coulisse dans la découpe de flanc de clavier, du côté de la touche. Les sautereaux sont
- soit du rond de matériau synthétique (marqué 3 sur l'image),
- soit du tourillon de 6 mm en hêtre taillé en biseau du côté qui appuie sur la corde (marqué 5 sur l'image).

clavier détaché 3Sur l'image ci-contre, sont montrées les extrémités des axes de touches qui traversent le flanc de clavier, du côté opposé à la touche.
La justification du choix technique est ici que des trous circulaires sont plus faciles à réaliser automatiquement que des trous carrés.

Cela n'est valable que si les matériaux industriels tels que le tube de PVC ou les tourillons ont une forme ronde (et non ovale) que l'on n'a pas besoin de reprendre. Dans la réalité, c'est  faux, en fait il faut tout reprendre à la main.
Les trous prévus pour le tube de PVC doivent être agrandis du fait de l'ovalisation du tube.
Le tourillon de 8 mm doit être réarrondi à l'abrasif, au prix de manipulations plus nombreuses et fastidieuses qu'imaginé.

L'espace vide entre l'intérieur du tube carré et la partie ronde (tourillon ou tube) est rempli par un enroulement de ficelle mince.

Dans le bas de l'image, on voit les parties rondes de la touche qui ressortent du flanc de clavier.


Le cheviller

Cheviller vielle grangeLe clavier est conçu pour être amovible : cela permet, à partir de la même structure de base (vielle moins le clavier) de comparer ce qui fonctionne mieux et ce qui fonctionne plus mal.

Dans cette intention, le cheviller (plus orangé sur l'image que le clavier rendu plus bleu) entoure l'extrémité du clavier sans la toucher.

La solution réalisée ici avec des matériaux de récupération est trop mince et trop flexible. Mais  elle est fonctionnelle.

Critiques

Positives

La disposition adoptée limite considérablement la transmission des bruits de clavier.
Le diapason plus long permet d'avoir une plus grande étendue sonore.
Le son est jugé "beau" (mais c'est subjectif).

Négatives

La partie ronde de la touche ne coulisse pas toujours bien pour les tiges réalisées en PVC : en fait les tubes ne sont pas de forme régulière, et souvent ovalisés.
Le tourillon de bois, poncé au bon diamètre, est bien plus satisfaisant.
Les sautereaux en matériau synthétique sont une mauvaise idée : ils tendent à éclater et il faut enrouler le sommet de plusieurs tours de fil garni de colle : beaucoup de manipulations pour un résultat médiocre.
Les sautereaux en tourillon sont beaucoup plus satisfaisants, en particulier parce qu'il est possible de leur donner un profil angulaire.

Remarques complémentaires

Seule la partie basse du clavier a été réalisée : les touches du haut sont plus étroites et il restait beaucoup de difficultés à surmonter.
L'instrument ne permet pas de jouer vite du fait de nombreuses inperfections, mais il est potentiellement très intéressant.. et sera testé avec un quatrième clavier.

(à suivre donc)