Les
roues actuelles sont souvent construites en deux zones concentriques.
Une zone interne (contreplaqué bien rigide) est entourée d'un bandage
de bois plus lisse afin d'améliorer le contact roue-cordes. La flèche représente se sens de rotation normal de la roue. Il arrive que le luthier distrait ne tienne pas compte du sens de rotation de la roue quand il polit la surface du bandage. | |
Le bois est composé de fibres. En surface d'une zone polie, l'extrémité de ces fibres se manifeste par ce que l'on appelle les "fils du bois" qui, bien qu'étant très courts, ont une action abrasive sur les cotons. Sur l'illustration ci-contre, le polissage de la surface de la roue à l'aide d'un fer de rabot a été faite en tenant compte du bon sens de rotation de la roue : les fils (exagérément agrandis) ont été inclinés dans le sens de moindre abrasion. Si, pendant le rectifiage de la roue, celle-ci était tournée dans le mauvais sens, les fils du bois seraient inclinés en sens inverse. |
Le chevalet et le cordier ne sont pas représentés (ils sont à gauche du dessin). Par contre la roue (tronquée vers le bas de l'image) est représentée trois fois. Il est important de se souvenir qu'il n'y a qu'une seule roue, et que le dessin expose les principes. La coupe de roue marquée A montre que le contact se fait majoritairement avec la chanterelle du côté du chevalet (à gauche du dessin). La coupe de roue marquée B montre que le contact se fait partout, sur toute la largeur de la roue. La coupe de roue marquée C montre que le contact se fait majoritairement avec la chanterelle du côté des touches (à droite). |
Afin
de "mettre tout le monde d'accord", on peut être tenté de donner à la
tranche de la roue une forme très légèrement arrondie. Ayant expérimenté une telle roue, je ne suis pas sûr que ce choix soit toujours judicieux. En effet, la zone de contact entre la roue et la corde risque d'être assez étroite, surtout si l'on n'est pas très adroit pour mettre le coton : celui-ci tendra à constituer un bourrelet sur la zone de contact, qui deviendra encore plus étroite. Un autre effet de bord, assez étrange, se manifeste : la corde étant déformée par sa propre vibration entrera en contact alternativement en différents points de la roue (sur un intervalle ici symbolisé par la double flèche pointillée). La hauteur du son varie très légèrement pendant la rotation, se charge différemment d'harmoniques. C'est plus expressif que le son donné par la roue C. La frustration vient quand la corde octavie et qu'on ne sait pas comment l'empêcher. Certainement très intéressant, mais réglage très délicat. |
Le
tranchant est une lame de "cutter" rigide, telles que vendue pour les
gros cutters). Attention : ne pas prendre les lames minces segmentées
qui sont à casser après usure, elles feraient des stries et sont trop
souples. Pour protéger la table d'harmonie découper du feutre épais (ou du bois mince, ou un morceau de linoleum... selon ce que l'on a). Prévoir une encoche pour laisser le passage de la roue. Il est très important d'avoir une bonne prise sur la lame et cela n'est pas facile : elle est assez petite et anguleuse, potentiellement source de coupures. Il faudra fabriquer une poignée englobante, en bois ou tout autre matériau, et qui permettra de changer la lame quand le tranchant est affaibli ou qu'elle a perdu de sa régularité. Le dessin ci-contre n'est qu'une image de principe. Il faudra l'adapter à ce qu'on est capable de faire. Il est possible d'utiliser aussi un fer de rabot, sous réserve d'être capable de maintenir son tranchant rectiligne et de savoir l'affuter. (dans ce cas, on pourra lire l'article suivant : http://www.tomybedard.com/a.html ) L'avantage de la lame de cutter est qu'elle est bon marché, droite et tranchante quand on la sort de son emballage. |
Sur le dessin ci-contre, la roue est tournée dans le sens des aiguilles d'une montre. Le feutre est posé du côté des bourdons (et pas de la trompette). Le tranchant est moins efficace (et moins dangereux pour la roue) quand la poignée est en position 1. Il devient plus efficace (et plus destructeur) quand il est en position 2. Privilégier la sécurité. Souffler sur la poussière de bois de façon à voir ce que l'on fait. Ne pas changer la position du cutter trop souvent : on risque d'arrondir la tranche de la roue (forme D), ce qu'il faut éviter. |